Récits de (dé)confinement
Plateforme de participation du Réseau CNPA - CRPA
Récit de confinement de Jean-Yves - Sans domicile Nantais
Jean-Yves a une quarantaine d’année et vis à la rue sur Nantes depuis 5 ans environ.
Lorsque je le contacte, il est au bord de l’eau en face de Waldeck [commissariat de Police de la Ville de Nantes] avec un copain de Rue [Yoyo] et profitent du soleil tous les deux en respectant les distances de sécurité en vigueur.
Voici son récit et retour sur sa situation de confiné :
« Lorsque le confinement a commencé, j’ai vu un élu de Nantes qui était à Agnès Varda [Restaurant Social de la Ville] et je l’ai interpellé et dit ce que je pensais de la situation sur le confinement pour les sans-abris. Je lui ai dit qu’ils nous laissaient crever…
Le lendemain, le 115 m’avait trouvé une place dans un hôtel Formule 1 sur St Herblain [Ville de l’agglomération Nantaise]. J’ai une chambre individuelle avec deux lits. Je suis bien !
Je suis les actualités via Internet avec mon téléphone et je peux rentrer en contact avec ma famille aussi.
J’ai même amené ma fille la semaine dernière vivre avec moi pendant une semaine.
Notre situation est pas la pire, y’en a pas mal [personnes sans domicile] avec des chiens qui n’ont pas de places, pas simple de vivre dehors et d’avoir un logement lorsqu’on a un chien [20 lits ont été mis en place depuis via le 115 avec accueil de chien, Jean-Yves n’était pas au courant].
Concernant l’aide alimentaire, je touche toujours mon RSA et le CCAS de Nantes m’a donné 100€ [80€ en chèque service et 20€ en liquide]. Le midi je vais toujours au restaurant social et aussi parfois à la distribution alimentaire aux Wattignies [Distribution alimentaire et kit d’hygiène proposée par la Mairie et portée par des bénévoles dont ceux de la Cloche Pays de la Loire]. La Croix rouge passe tous les soirs à l’hôtel pour savoir si on a mangé et propose si on en veut ! J’ai pas à me plaindre…
Je sors tous les jours ! Je pars tôt le matin et profite du restaurant et de l’aide alimentaire pour voir les copains, papoter un peu mais en gardant toujours mes distances que je respecte. Faut garder un peu de lien sinon on est vraiment tout seul ! Je garde ma liberté, je ne peux pas rester enfermé toute une journée dans un hôtel ! La rue c’est mon quotidien, ma vie. Je traine un peu avec un ou deux copains mais on est toujours à 1 ou deux mètres de distance. Je fais attention.
Je suis en confinement ok ! Mais on va pas me priver de ma liberté néanmoins !
J’ai eu une attestation au début et je l’ai toujours dans ma poche mais elle ne vaut rien. On s’est fait arrêter avec Yoyo l’autre jour et on leur a dit qu’on était à la Rue, qu’on avait pas d’attestation. Y’a un policier qui a joué un peu le cowboy mais ils ne nous ont rien fait au final. Faut en vouloir pour se prendre une amende je pense !
Pour l’avenir, je suis confiant, mon dossier semble être à jour et je les appelle souvent [SIAO/MAIRIE] pour que ma situation soit prise en compte demain après tout ça. Normalement j’aurais un logement. Faut rien lâcher mais je trouve que la Mairie [de Nantes] a fait beaucoup depuis le confinement pour le monde de la Rue ainsi que les associations. Nantes compte beaucoup sur les associations et elles ont répondu à l’appel, c’est beau de voir encore toute cette solidarité. Je me suis même proposé à être bénévole sur l’aide alimentaire, il devrait me rappeler si y a des besoins !
Ce que je trouve dommage c’est qu’il faille une catastrophe comme ça pour que des solutions soient prises [Trêve hivernale prolongée, plus de places via le 115…].
Comme quoi c’est possible et à l’avenir il ne faut pas que ça retombe. Si c’est possible aujourd’hui, c’est possible demain ! Quand on veut, on peut ! »
Propos recueillis par La Cloche Pays de La Loire
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