Récits de (dé)confinement
Plateforme de participation du Réseau CNPA - CRPA
A Toulouse, le plus difficile pour Rémi "c'est le manque de lien social".
Je m’appelle Rémi. Je suis en rupture familiale depuis 20 ans. Je suis quelqu’un de souriant, sympathique, avenant et toujours disponible. J’aime particulièrement sortir et voir du monde. Je ne suis pas un solitaire ! Mais en ce moment je vais moins bien qu’avant. Je ne vois quasiment plus personne.
Avant le confinement j'étais hébergé chez Cathy, la dame des jardins partagés où je vais régulièrement jardiner. Je suis parti de chez elle juste avant le début du confinement, d’un commun accord.
Depuis le confinement c’est de plus en plus compliqué. Plus ça avance plus on a l’impression de reculer. Il semblerait que Le 11 mai, on doive commencer à se “déconfiner”... mais le 11 mai de quelle année ?!
Depuis mon départ de chez Cathy, donc depuis le début du confinement, je suis hébergé chez une amie “éloignée” [l’une de celle qu’on compte plus que sur le doigt d’une main!]. Elle n'était pas chez elle et m’a proposé de pouvoir disposer de son appartement.
J’apprends à être seul mais je ne le supporte pas. Avant je sortais minimum 1 heure et demie par jour. J’avais besoin de parler avec du monde. C’est vraiment ce qu’il y a de plus difficile pour moi de ne plus avoir de lien social. Mon implication en tant que bénévole à La Cloche me manque aussi. Ca me permettait d’avoir un rythme, de me sentir utile.
J’ai une boule au ventre et j’ai mal au coeur. Je suis quelqu’un de vraiment sensible. Les gens avec qui j’avais tissés des liens me manquent. La distanciation sociale me donne l’impression de devenir un ours, d’hiberner. Je dors toute la journée !!
Je suis déjà passé par la psy, je ne m’en cache pas. Cette situation me stresse, j’ai peur de décompenser. Il y a des choses que je n’arrive pas à comprendre dans ce confinement. J’ai l’impression que les personnes les plus précaires sont complètements abandonnées. On les laisse crever de faim.
On aide les entreprises, mais NOUS, ON MANGE COMMENT ?
Pour améliorer la situation, je souhaiterais que les aides de l’Etat, notamment le RSA, soit allouées d’office aux personnes qui en bénéficient habituellement, sans les démarches administratives mensuelles à effectuer car c’est vraiment compliqué. On ne peut pas enlever le pain de la bouche des gens qui n’en ont pas.
A vôtre avis, “la bonhomie est le plus charmant des visage ou le plus hideux des masques ?”
Propos recueillis le 14 avril 2020. La Cloche, Toulouse.
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